Ne pas mettre suffisamment de limites, c’est se faire « bouffer », en avoir trop c’est s’empêcher d’avancer…
1/ Manquer de limites
Ce que l’on entend par ne pas avoir suffisamment de limites c’est agir en fonction des autres et ne pas suffisamment prendre en compte ce qui est important pour soi (son temps de repos, ses projets, ses valeurs).
C’est le cas de Vincent, un chef de projet reconnu dans une entreprise logistique. Il se voit confier au fil du temps de plus en plus de projets qui le font rentrer de plus en plus tard, qui l’obligent à transiger sur la qualité du suivi et qui ne sont pas toujours en phase avec ses valeurs. L’un des projets concerne effectivement une délocalisation qui va avoir pour conséquence la fermeture de 5 postes.
Pourquoi en arrive-t-on à cette situation de surcharge ?
L’une des raisons peut être due tout simplement à une incompréhension, un manque de communication :
D’un côté, les managers qui confient plus de tâches à une personne s’attendent à ce que cette personne leur fasse savoir si cela est trop pour elle, or ce n’est pas toujours le cas.
De l’autre côté, les personnes à qui l’on confie des projets, se disent que si un manager leur demande quelque chose, cela signifie qu’elles sont bien censées pouvoir le prendre en charge. Et elles ne veulent pas décevoir ou montrer qu’elles ne sont pas à la hauteur de la tâche.
Il est donc primordial de savoir informer son manager de l’atteinte de ses limites. Seule la personne concernée connaît réellement sa charge et le manager a besoin de ce retour. Dans ce cas de figure, il est bien entendu utile de pouvoir expliquer la situation de la manière la plus factuelle possible : le projet X prend tant d’heures, le projet Y est estimé à tant de temps, quelle est la priorité ? Quel est le délai à respecter le plus urgent ? Qui peut prendre une part de la charge ? Les interlocuteurs échangent sur leurs ressources et contraintes afin d’avancer ensemble.
Une autre explication peut venir du manque d’écoute de soi-même, du manque de conscience de ses propres limites… Quelqu’un peut accepter tous les sujets sans se poser la question de savoir si « ça passe » ou non, par un excès d’optimisme, une envie de faire plaisir… et ne pas se rendre compte que c’est trop par manque de connexion à soi, à ses ressentis. Le trop-plein est pourtant détectable par des signes avant-coureurs comme par exemple du surmenage (le fait de repenser à ses dossiers de manière récurrente au moment du coucher), des troubles de la mémoire (par exemple oublier un rendez-vous super important car on est entièrement happé par tel ou tel projet) ou même un raidissement des muscles (des trapèzes chroniquement douloureux).
Il convient dans ce cas d’être attentif à tous ces signes, de les écouter pour comprendre ce qui se passe. Cela passe souvent par le fait d’accepter de ne pas être un super-héros tout puissant mais bel et bien un être humain …
2/ Avoir trop de limites
S’il faut connaître ses limites physiques et éthiques pour le bien de sa propre intégrité, il est aussi utile de reconnaître ses limites en termes de croyances car ces dernières nous empêchent d’avancer et d’exprimer tout notre potentiel.
Vincent se rend compte que le grand groupe pour lequel il travaille depuis tant d’années ne partage pas les mêmes valeurs que lui. Ce dernier projet de délocalisation pour gagner quelques centimes de marge supplémentaires pour des actionnaires n’a pas de sens en comparaison du licenciement de collègues avec qui il a partagé une tranche de vie. Il aspire à travailler pour une structure à taille plus humaine…
Cependant plusieurs obstacles lui barrent la route : Il se dit qu’à 45 ans il n’a plus la même employabilité et qu’il serait certainement plus raisonnable de rester dans son entreprise actuelle ; cette croyance risque de le faire passer à côté de ce qui est important pour lui, à côté de ses besoins fondamentaux de contribuer à une mission qui a du sens pour lui.
Les croyances limitantes peuvent généralement être regroupées en 3 catégories :
- Le désespoir (ça ne changera rien, c’est impossible)
- L’impuissance (je ne suis pas capable)
- L’absence de valeur (je ne mérite pas)
Pour savoir si vous êtes face à une croyance limitante demandez-vous si ce que vous vous dites vous empêche d’avancer. Si oui, il s’agit alors d’une croyance limitante qu’il est nécessaire de déconstruire. Le simple fait d’être dans le défi et d’oser dépasser vos limites vous apportera alors fierté et joie. Plus l’effort sera important et plus la satisfaction sera grande. C’est aussi la voie royale de la confiance en soi !
Comment déconstruire vos croyances limitantes ?
Voici quelques outils qui vous aideront à sortir de votre zone de confort :
1- La visualisation
Décortiquez chaque étape nécessaire pour atteindre votre but et ensuite visualisez-vous en train de réaliser ces étapes. Imaginez que tout se déroule parfaitement bien. La visualisation positive permet de se projeter et de rendre le but atteignable par étapes.
« Je ne suis vraiment pas doué avec l’outil informatique… ». Vincent perd alors beaucoup de temps à relancer ses collègues sur des demandes d’achat manuscrites…
Ici l’objectif de Vincent c’est d’économiser 1 journée par mois de temps administratif grâce à un outil informatique qui permet une saisie et un traitement rapides des demandes d’achat. Pour dépasser ses croyances limitantes, il va alors se visualiser en train de recevoir une formation interne à l’utilisation de l’outil tant redouté, il va trouver la tâche très simple. Il se visualise ensuite en train de saisir ses DA seul et c’est un vrai succès pour lui car grâce à cet outil il peut désormais se dégager du temps pour d’autres tâches plus intéressantes et à valeur ajoutée.
2- Faire « comme si »
Comment agirait une personne qui est à l’opposé de vos croyances limitantes ?
Il s’agit de faire comme si vous étiez cette personne et ainsi envoyer le signal à votre cerveau que vos croyances sont fausses.
« Je n’ai pas assez confiance en moi pour présenter oralement ce nouveau projet à toute une assemblée »
Vincent imagine alors comment son collègue Arnaud, très à l’aise devant un public, très bon orateur se comporterait devant l’assemblée : Démarche assurée, contacts visuels fréquents et souriant.
Vincent va progressivement adopter les mêmes comportements qu’Arnaud et se prouver par chaque petite victoire que c’est possible.
3- La méthode Coué
Combattre vos croyances limitantes par la pratique de la pensée positive. Autrement-dit, à chaque croyance qui traverse votre esprit, vous répéter l’affirmation inverse dans votre tête.
Cette méthode permet de reprogrammer son cerveau par la répétition positive.
Au lieu de « je suis incapable d’animer cette formation » par « je suis tout à fait capable de … ».
4- Contre-exemples
Chercher des exceptions, des contre-exemples qui pourraient invalider votre croyance. Quelles sont les moments où vous y êtes arrivé, où vous avez dépassé vos peurs ? Prenez du recul par rapport à cette situation et posez-vous de nouveaux objectifs réalisables pour reproduire cette situation.
« Je suis nul en Anglais, je ne peux donc pas prétendre à des postes où l’anglais est exigé »
Vincent se souvient pourtant avoir parfaitement su s’exprimer par téléphone auprès d’un fournisseur chinois. Par souci de clarté, il avait reformulé par mail sa demande au fournisseur et le problème avait été résolu très vite.
En prenant du recul sur ce contre-exemple, Vincent avait préparé son entretien en anglais avec le fournisseur et c’était du langage professionnel sans implicite. Il se sent donc capable de reproduire cette situation et l’anglais ne l’effraie plus pour prétendre à des postes où l’anglais est exigé. Il est suffisamment clair sur ses capacités actuelles et axes de progrès pour le partager en entretien.
La morale de cette histoire c’est que nous avons besoin d’être en connexion avec nos propres ressentis pour sentir nos limites et préserver notre intégrité physique et émotionnelle, et nous avons aussi besoin de prendre du recul sur nos pensées et croyances limitantes si nous souhaitons nous dépasser, progresser, ce qui est d’ailleurs l’un des leviers de la dopamine, l’hormone de la motivation.
Alors soyez conscients et osez !
Sophie PAILLOT et Sophie MIGUET
Formatrices-Conseil chez ValeurSens, entreprise dédiée à l'amélioration de la satisfaction au travail.
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