L’idée peut paraître farfelue, pourtant nous avons tous à y gagner : la joie est profitable à la fois pour la santé des personnes et pour l’ambiance dans l’entreprise.
Tout le monde – loin de là – n’a pas la chance d’exercer une activité professionnelle qui lui procure réellement plaisir et épanouissement. La vision pessimiste du travail comme activité aliénante mine pourtant autant l’employé qui finit par perdre tout espoir de retirer de son emploi autre chose qu’un revenu plus ou moins suffisant, que le patron qui ne comprend pas que son personnel ne partage pas son enthousiasme à essayer de faire prospérer son entreprise.
C’est accepter de jouer un jeu à somme négative que de renoncer à ce que le travail soit source de joie. Pourtant ce renoncement est un « choix » plus que répandu. D’une certaine manière il est presque encouragé par notre culture et les idéologies qui la structurent. Certains considéreront qu’être joyeux équivaut à manquer de sérieux dans son travail – comme si celui-ci devait être une corvée pour être bien exécuté. Pour d’autres, un personnel qui ne rechigne pas à sa tâche, ne s’en plaint pas, ne revendique pas, est un personnel exploité.
Voilà un difficile dilemme pour les patrons de bonne volonté. Ceux-là sont sensibles à la préoccupation de favoriser le bien-être dans leur entreprise, mais comment éviter le risque réel d’en faire un vœu pieux, naïf ? Il est extrêmement facile de saupoudrer un peu de bien-être en négligeant les problèmes de fond. Alors on s’attaque aux problèmes de fond, techniques et froids, de manière gestionnaire, mais l’entreprise reste un lieu où l’on a l’impression de venir sans entrain, en y laissant sa santé et sa force vitale.
Y a-t-il une autre solution ? Il me semble que oui.
Partir du résultat espéré, idéal, que chacun, à terme, vienne travailler avec joie, déclenche un cercle vertueux, tant au niveau individuel qu’organisationnel.
La personne joyeuse au travail, c’est celle qui trouve du sens dans ce qu’elle fait, dont les valeurs sont en accord avec ce qu’elle fait, et qui comprend que, si elle doit passer huit heures par jour, cinq jours par semaine, onze mois par an, avec d’autres, elle a un intérêt personnel à développer des liens réels avec ceux qui l’entourent. Cela veut dire : une meilleure communication, plus d’entrain, plus de motivation, plus d’implication, plus de créativité, moins de burn-out, moins d’absentéisme – et aussi moins de « présentéisme », qui est tout aussi délétère.
Et tout cela est aussi excellent pour l’entreprise, pour sa « performance ». C’est un jeu à somme positive, cette fois.
Étonnamment, il est bien plus facile d’apporter un peu de joie dans l’entreprise, et de déclencher ce cercle vertueux, que d’en chambouler toute l’organisation à la recherche des causes de non-joie. Et surtout, celles-ci finiront alors par apparaître, souvent en se solutionnant au passage !
Si la joie ne se décrète pas, l’afficher comme une priorité est un premier pas et lui donne plus de chance de régner dans l’entreprise. C’est donc à la direction et aux managers de montrer la voie.
Pour marquer le début d’une nouvelle ère, il est recommandé d’organiser un événement qui permette de prendre conscience de l’intérêt d’un tel choix.
Plutôt que de longs discours, il est plus efficace de faire vivre à ses collaborateurs les impacts d’une ambiance plus gaie et coopérative. L’atelier « se mettre en mouvement » permet de montrer la voie pour construire un nouveau mode de relations plus fraternelles. Il permet de goûter le plaisir d’être et de faire ensemble, au même rythme. Il invite à expérimenter la joie d’être en lien au travers de jeux et de mises en mouvement, sur fond musical.
A la question « suite à votre participation à l’atelier, avec quoi repartez-vous ? »,
voici ce que les personnes répondent :
« Espoir et joie d’être ensemble », « Joie et confiance », « Un élan et un souffle nouveau », « Un bon moment de convivialité », « plus ouvert, à l’écoute », « évidence que nous avons besoin de ce mode de relation », « confiance, respiration, reliance, joie » , « que du positif », « un bon moment qui fait réfléchir », « partage, rencontre, joie, présence », « plus d’ouverture d’esprit », « motivation ».
Marc Brami, psychologue et psychothérapeute.
Référent en qualité de vie au travail, et prévention des risques psychosociaux.
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